Mon Vol à la BAN de Lanvéoc
La petite et la grande histoire
Membre de l’Association Française d’Hydraviation depuis plusieurs années, j'essaie d’assister régulièrement à son assemblée générale annuelle. Depuis le début de la période du Covid-19, certaines assemblées avaient dû être annulées ou reportées. Depuis la fin 2022, la situation sanitaire est redevenue normale. L’AFH a donc choisi d’organiser sa nouvelle assemblée générale sur un site tout à fait exceptionnel et en rapport avec l’histoire de l'hydraviation : la Base Aéro Navale de Lanvéoc (BAN) ! Lanvéoc est située sur la presqu'île de Crozon, en face de la rade de Brest et à proximité immédiate du site militaire ultra sécurisé de l'île Longue (base française des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins - SNLE). 
« (...) La solution Lanvéoc-Poulmic est éminemment favorable, du fait de la disposition naturelle des lieux. L'échelle en est si vaste qu'il n'y a pour ainsi dire pas d'obstacles aux extensions futures de l'aérodrome, tout entier situé sur des terrains de lande, placé sur la hauteur et dégagé de tous les côtés. La base d'hydravions, dont le plan d'eau est le mieux abrité de toute la rade, se prête admirablement à la construction d'un port et de terre-pleins, si difficiles et si coûteux à créer à Brest. (...). Son seul défaut réside dans la longueur et les difficultés de la liaison terrestre avec Brest. Il faudra le pallier au moyen d'un service rapide de vedettes entre Lanvéoc et Brest. » . Journal L'Ouest-Éclair 
On trouve plusieurs unités opérationnelles de la marine et de l’aviation sur la BAN de Lanvéoc : 
 - L’Ecole Navale : elle forme tous les officiers et les cadres de la Marine Nationale. 
 - La flottille 33F : elle est constituée d'hélicoptères de l'aviation navale française. L'unité est spécialisée dans la lutte anti-sous-marine et dans le transport opérationnel au profit des commandos marine. Elle assure également des missions de sauvetage en mer (SAR). Son indicatif radio est « Cyclone ». 
 - La flottille 34F : elle est constituée d'une école de spécialisation sur hélicoptères embarqués de l'aviation navale française. Elle a été créée le 9 septembre 1974, puis mise en sommeil le 4 septembre 2020 pour être réactivée le 29 janvier 2021 lorsque l'escadrille 22S/ESHE devient la 34F/ESHE (École de spécialisation sur hélicoptères embarqués). 
 - L’escadrille 50S : cette école d'instruction au pilotage et de sélection des élèves de l'aéronautique navale française a été créée le 1er janvier 1946. Toujours active, elle a pour mission la présélection, la formation au sol, l'entraînement et la sélection en vol des EOPAN et des officiers-pilotes issus de l’École navale. L'escadrille est composée de 5 avions de voltige aérienne CAP10 et de 3 avions Cirrus SR20.
L’AFH a vu les choses en grand !
Pour son assemblée générale, l’AFH a mis les petits plats dans les grands. En effet, une hydrosurface temporaire a vue le jour au cœur de la BAN de Lanvéoc ! Située sur un plan d’eau aux pieds de l’Ecole navale, l'ambition de l'AFH est de rappeler le passé historique de la base en y faisant de nouveau amerrir des hydravions pour le jour de son assemblée générale ! 
Grâce à l’aide et la complicité de membres de l’AFH bien introduits dans le milieu aéronaval, les autorisations pour la création de cette hydrosurface ont pu être obtenues : qu’ils soient officiers d’active de la marine nationale ou anciens officiers de l’aéronavale, merci à eux d'avoir pu nous faire ouvrir les portes ! Citons plus particulièrement Yves Kerhervé (nom de code : « Bill »), qui s'est totalement investi avec d'autres dans le projet : président de l’AFH et ancien pilote d’essai du Rafale, "Bill" a été le premier pilote au monde à apponter avec l'avion de chasse Rafale sur les porte-avions « Foch » et « Charles de Gaulle ». Une légende  vivante dans le milieu (https://fr.wikipedia.org/wiki/Yves_Kerherv%C3%A9) !
Localisation de l'hydro surface temporaire créée à Lanvéoc par l'AFH
Localisation de l'hydro surface temporaire créée à Lanvéoc par l'AFH
Localisation de l'hydro surface temporaire créée par l'AFH sur la BAN de Lanvéoc
Pourquoi avoir choisi Lanvéoc ?
En 1920, une base d'hydravions fut créée à Lanvéoc-Poulmic. C'était alors l’un des 37 centres d'aviation maritime créés en France et destinés à la surveillance et à la protection du littoral. Cette base est installée sur des terres qui avaient appartenu avant la Révolution française aux barons de Poulmic. Cette base a été rebaptisée « Centre d'aéronautique maritime » en 1935 puis « Base d'aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic » le 6 avril 1937 (http://www.ffaa.net/naval_stations/lanveoc-poulmic/lanveoc-poulmic_fr.htm).  
Ancienne base d'hydravions de Lanvéoc-Poulmic
Jour 1 (Jeudi 1er Juin) 
Les conditions météo promettent d’être belle aujourd’hui et pour les prochains jours ! Le site de Lanvéoc est situé dans une zone militaire (P112) qui est totalement interdite aux aéronefs non-militaires. Notre autorisation pour pénétrer et transiter à l'intérieur de cette zone militaire a été cependant obtenue grâce au travail acharné de l'AFH : après de longs mois de préparation et de tractations avec les autorités compétentes : une autorisation dérogatoire de vol (ADV) nous est ainsi délivrée ! Grâce à ce précieux sésame, l'AFH propose ainsi à ses membres de se poser soit sur l'hydrosurface temporaire soit sur la piste d'aviation de la BAN de Lanveoc.
Le dépôt d'un plan de vol VFR est cependant obligatoire : j'ai choisi de déposer le mien la veille de mon départ (dépôt au maximum 24h avant le départ). Ma navigation du jour s'effectuera en solo au départ de l'aéroport de Toussus Le Noble (LFPN), et à bord d'un avion Cirrus SR20 (F-HBBR) spécialement réservé pour l'occasion auprès de mon aéroclub (www.aireuropclub.fr) :
Navigation n°1 (235 Nm, 2 heures de vol) : LFPN - Toussus Le Noble / LFES - Guiscriff Scaer
Navigation n°2 (15 Nm, 15 minutes de vol) : LFES - Guiscriff Scaer / LFRL - Lanvéoc sous plan de vol VFR
Je décolle de la piste 07 droite de Toussus le Noble vers 14h. Voler en solo à bord du Cirrus SR20 est très agréable : je suis amené à voler régulièrement avec cet avion moderne et performant, idéal pour les vols à longue distance. Je branche le pilote automatique qui suit le plan de vol programmé dans l'un des deux GPS de l'avion. Je monte rapidement à 4500 pieds d'altitude, cap à l'ouest (Rambouillet-Epernon-Mortagne-Bagnoles de l'Orne-Antenne de Bécherel). J’aperçois en vol, plus bas sur ma droite, une solide couche nuageuse qui est installée sur toute la baie de Saint-Brieuc : ces conditions IMC perdureront toute la journée. Ma route passant plus au sud de cette zone, le ciel est parfaitement dégagé jusqu'à Guiscriff Scaer (LFES). Après deux heures de vol, j’atterris vers 16h sur la piste en dur 02 par un vent travers droit (10 à 15 noeuds venant du 50°). Une fois la piste dégagée, je me dirige au moteur vers la station d'avitaillement. Je découvre pour la première fois ce terrain, mais il m'avait semblé cocher toutes les cases pendant ma préparation au sol : une excellente situation géographique (situé à seulement 15 minutes de vol de Lanvéoc), une qualité et longueur de la piste en dur 02/20 (1500 m de longueur) et une station d'avitaillement TOTAL ENREGIES disponible H24. Laetitia, la gestionnaire de l’aérodrome prévenue la veille de mon arrivée, m'accueille sur place et me fait découvrir cet aérodrome qui est équipé d'un club house tout confort et parfait pour mon "stop over" (lfesaerodrome@gmail.com).
Sur la gauche de la piste 02, on peut également apercevoir un gigantesque bâtiment assez anonyme : il s’agit en fait d’un abattoir de volailles, qui constitue le principal employeur présent sur le territoire de la commune (poulets et dindes) « La Chaillotine », rebaptisé « Les Volailles de Keranna » après sa reprise par le groupe Glon. En 1962, une piste d'aviation, l'aérodrome de Keranna, a été aménagée près de l'usine. Elle était notamment utilisée par l'homme d'affaires Gérard Bourgoin, ancien propriétaire de la Chaillotine, dans le cadre de ses déplacements professionnels. Une fois que sa société fut en faillite, l'homme d’affaires est parti mais le terrain est resté : il continue d’être géré encore aujourd’hui par un syndicat intercommunal composé de 6 communes.
Il me faut maintenant patienter au sol ... jusqu’à 21 heures ! Cet horaire d'arrivée tardif nous a été imposé par les autorités militaires pour la pénétration en vol de la fameuse zone interdite (P112). J'ai donc tout le temps de visiter le terrain de Guiscriff Scaer où de nombreux hangars sont présents. Je constate que la majorité des aéronefs présents sur place sont des ULM, et il n’y a quasiment plus d’avion basé. Est-ce un signe des temps ? J’aperçois aussi une belle réplique ULM d’un Stampe stationné sous un hangar ! Un équipage attire également mon attention : une cocarde de l'aéronavale trône sur l'un des flancs du DR400 qu'ils pilotent ! Je m'approche d'eux et ils m'apprennent qu'ils sont basés à Lorient Lann Bihoué (LFRH) et qu'ils sont tous des anciens de l'aéronavale ! Je leur explique alors que je me rends en avion sur la BAN de Lanvéoc : je voies alors s'allumer dans leurs yeux une lueur d'étonnement, puis d'envie : ils me disent qu'une fois de retour à la vie civile, ils n'ont jamais pu se rendre en tant que pilote civil sur la BAN ! Cette rencontre me fait prendre conscience (un peu plus) de la chance unique qui s'offre à moi dans quelques heures !
F-HBBR en attente au sol à Guiscriff (LFES)
Mon décollage de Guiscriff Scaer (LFES) est prévu à 20h45. Il me reste cependant quelques formalités à effectuer au sol avant mon départ (en plus du plan vol déjà déposé) : j'appele par téléphone successivement la position AIR de CECLANT/OPS, puis le contrôle aérien de la BAN Lanvéoc-Poulmic pour leur communiquer quelques éléments de mon vol : mon numéro d'autorisation dérogatoire de vol (ADV), l'heure estimée et le point d’entrée dans la zone P112). Cela ne prend que quelques minutes. Ceinture et bretelles... All is set !  
A 20h45, je mets enfin le moteur en marche de F-HBBR. Je décolle vers 20h50 depuis la piste 02, puis je contacte en vol la SIV IROISE (135.825) avec qui j'active mon plan de vol VFR (20h57). Je me dirige ensuite à 1800 pieds QNH vers mon point d'entrée situé juste à l'entrée de la fameuse P112 (Bravo). A cette heure, le soleil commence doucement à descendre sur l'horizon : la luminosité me fait hésiter : dois-je conserver ma paire de lunettes de soleil ou bien prendre ma paire de lunettes de vue classiques ? Je contacte Lanveoc Approche (120.600) qui me donne l’autorisation de pénétrer et de transiter dans la zone interdite P112. La vue est magnifique, mais il me faut rester concentré car plusieurs aéronefs se sont égalemet annoncés sur la fréquence. Du fait des conditions locales de fort vent de Nord-Est, les hydravions prévus n’ont finalement pas pu amerrir sur l’hydrosurface : à cause du fot clapot, tout amerrissage a été impossible et ils se sont donc reportés pour un atterrissage sur la piste en dur 05/23 de la BAN de Lanveoc.
Arrivée au point Bravo (entrée de la P112)
Lanvéoc Approche me demande de me diriger vers mon deuxième point de report dans la zone P112 (Alpha). Sur leur ordre, j'effectue deux tours "360" pour assurer l'espacement avec quatre autres aéronefs qui arrivent également. Je reconnais devant moi un hydravion amphibie Piper PA-18 juché sur ses imposants flotteurs. Je passe ensuite sur la fréquence Lanveoc TWR (123.200). On me demande d'abord si j'aperçois l'hydravion amphibie qui est aussi au point Alpha. Je confirme ! Lanveoc TWR me demande alors de le suivre et de rappeler une fois établi en longue finale pour la piste 05. N'ayant pas les mêmes performances de vol que le Piper PA18, ce dernier atterrit sur la piste 05, mais met du temps à effectuer le roulage et le dégagement de la piste. Lorsque je me présente en courte finale, la piste n'est toujours pas dégagé : je suis alors contraint de remettre les gaz et d'effecter un nouveau circuit de piste par le Nord, cette fois-ci en main gauche. Je ne demande pas mieux car je suis alors le seul à contempler la vue exceptionnelle que j'ai sur toute la rade de Brest ! La deuxième approche pour la piste 05 est la bonne : F-HBBR est le dernier aéronef à atterrir sur la piste 05 (vent de face souflant entre 15 à 25 nœuds). Une fois la piste dégagée, je rejoins le parking où les autres équipages viennent d'arriver il y a quelques minutes seulement. Moteur coupé. ON L’A FAIT !   
Les équipages sont bien arrivés à Lanvéoc !
Franck et Philippe sont venus à bord d'un VL3 depuis le terrain de Fayence
Luc est venu à bord de son hydro ULM amphibie Seamax depuis Troyes
Cris et Stéphane sont venus à bord d'un Dynamic WT9 depuis le Luxembourg
Henri est venu à bord de son hydravion amphibie Piper PA18 depuis Saint-Flour
Pierre est venu à bord d'un Cirrus SR20 depuis Toussus Le Noble
Des militaires présents sur place nous aident à ranger nos avions sur le parking en herbe et à les sécuriser en nous apportant des gueuses de 25 kg chacune. Ca devrait donc suffire pour notre stationnement prévu pour deux nuits ! Après la perception de nos bagages et la sécurisation de tous nos avions, nous embarquons à bord d'une fourgonnette militaire mise à notre disposition. Direction : « l’Aubette », un joli terme militaire usité pour parler du poste de garde situé à l'entrée de la BAN. Pendant le transfert, je fais ainsi plus ample connaissance avec les heureux pilotes de cette aventure : Henri (Saint-Flour), Luc (Troyes), Franck et Philippe (Fayence), Cris et Stéphane (Luxembourg). Nous retrouvons à l'entrée de la BAN d'autres membres de l’AFH qui nous attendent : Yves, Derry, Patrick, Freddy... Malgré notre arrivée tardive, tout ce petit monde a pu se retrouver ensuite dans un hôtel à Morgat pour partager un pot de l’amitié : nous y retrouvons également Jean-François, Richard et Yves. La soirée se termine après minuit où tous regagnent ensuite leur hébergement dans différents hôtels ou B&B de la presqu'île.  
Jour 2 (Vendredi 2 Juin) :
Aujourd’hui, nous avons tous rendez-vous à 08h40 à l'entrée de « l’Aubette » de la BAN (le poste de garde). D’autres membres sont venus ce matin pour assister également à l’assemblée qui doit se tenir cet am dans un amphithéâtre prêté gracieusement par l’Ecole navale. Nous sommes ainsi une trentaine à être convoyés par bus à l’intérieur de l’enceinte militaire (la superficie occupée par l’Ecole Navale et l'aviation navale est énorme). Sur place, deux groupes de visite sont constitués : une visite de deux lieux emblématiques de la BAN de Lanvéoc a été organisée par l'AFH : 
- Visite de la Flottille 33F (hélicoptères)
- Visite du Centre d’Entraînement à la Survie et au Sauvetage de l’Aéronautique Navale (CESSAN)

🐊 La flottille 33F (dont le symbole est le Caïman) nous a d’abord accueilli dans ses locaux pour une présentation de ses différentes missions, toutes effectuées sur hélicoptère NH90 (surnommé « Caïman ») : missions de récupération et de sauvetage en mer, opérations militaires plus offensives (missiles, 12/7, radar…). Après quelques explications, la visite continue par la visite d’un "Caïman" stationné sur le tarmac (l'hélicoptère, pas l'animal !). De la tranche arrière jusqu’au poste de pilotage, nous avons ainsi pu visiter l’intérieur de cet hélicoptère imposant et toujours opérationnel dans l'armée française depuis une quinzaine d’années déjà. Un pilote de la flottille nous a servi de guide pendant cette visite où les séances photo se sont enchaînées à un rythme soutenu !  
Visite de la flotille 33F
🐧 Le Centre d’Entraînement à la Survie et au Sauvetage de l’Aéronautique Navale (CESSAN) - dont le symbole est un pingouin - nous accueille ensuite dans ses locaux situés à l'écart. Ce centre, mondialement reconnu et unique en France de par ses dimensions et de par ses missions militaires, est géré par 18 personnels dont 9 plongeurs. Après avoir été accueilli par le commandant du CESSAN, nous assistons à une présentation de ses missions et profitons de quelques conseils de survie au passage. Il est maintenant temps de quitter la salle et de nous diriger vers le "saint des saints" : une forte odeur de chlore nous donne une indication : la fameuse piscine ! Chauffée à 27 degrés et profonde de 6 mètres, le bassin est surmonté d'une cage accrochée au bout d'une grue fixe. Cette cage peut reproduire un poste de pilotage afin de simuler l'amerrissage d'un aéronef en mer (avion, hélicoptère à simple ou double-cabine - pour les hélicoptères Tigre par exemple). Chaque année, plus de 1000 personnels du monde entier sont ainsi formés (marine et aviation) pour y apprendre les techniques de survie en mer (récupération de personnels en mer, sortie de la cellule d’un avion ou d’un hélicoptère ayant amerri en mer ou ayant sauté en mer en parachute …). Occasionnellement, quelques célèbres navigateurs (en bateau) sont également passés par le centre (comme le célèbe navigateur et explorateur Jean-Louis Étienne). Nous assistons en direct à un exercice d’entraînement d’évacuation de plusieurs personnels simulant un amerrissage d’hélicoptère en mer, en pleine nuit et sous des fortes bourrasques de vent. Passionnant et instructif. Bravo à eux !
Visite du CESSAN
 La suite de la journée se passe dans le grand amphithéâtre Richelieu du bâtiment principal de l’Ecole Navale. La statue imposante de Neptune nous accueille dans la Grand hall du bâtiment principal. Une plongée directement dans les années 60 avec sa décoration typique de l’époque ! Avant de commencer l’assemblée de l’AFH, une présentation est donnée aux élèves et aux officiers de la marine présents sur place : il leur est présenté le rôle de l'AFH, mais ausi le passé de la base par Jean-François et Richard, lorsqu’elle hébergeait une flottille d’hydravions de reconnaissance avant la seconde guerre mondiale ! Une présentation sur le passé, le présent et le futur de l’hydraviation est ensuite donnée par Derry, avec des projets ambitieux qui sont déjà pour certains une réalité dans certains pays (villes flottantes, ekranoplan volant par effet de sol). Puis un film sur le raid hydravion, effectué entre Biscarrosse et Monaco en 2015, a été projeté avant le début de l’assemblée générale de l'association. L’amiral de la BAN nous a également fait l’honneur de sa visite lors de l’assemblée ! 
Une fois l'assemblée terminée, tout le monde se réunit pour une photo de groupe devant la statue de Neptune située dans le grand hall du bâtiment. Nous sortons ensuite à l'extérieur du bâtiment pour aller voir l'embarcadère sur lequel les hydravions étaient censés rouler hier. Quelques rares traces du passé des hydravions de l’époque sont encore visibles sur la BAN : une tour de béton, imposante et immergée dans l'eau, semble banale, si ce n'est la croix qui la surmonte : à l'origine, ce pilier était surmonté d'une ancienne grue à hydravion ! Maintenant reconverti en chapelle, son histoire bien particulière en fait l’une des chapelles les plus insolites de France ! 
Les membres de l'AFH réunis à l'Ecole Navale
La chapelle est située dans un pilier supportant une ancienne grue à hydravions !
Retour ensuite vers l’Aubette en bus pour nous retrouver le soir pour un dîner convivial avec tous les membres présents. Yves Pleindoux nous y présente son prochain projet : inscrit depuis une dizaine d'années au programme de tourisme spatial de la société Virgin Galactic, il a déja effectué aux USA des tests d'aptitude. Lorsque le programme sera opérationnel dans quelques années, il deviendra le premier passager français à effectuer un vol suborbital avec Virgin Galactic ! Stay tuned...
Virgin Galactic est une société aérospatiale lancée en 2004 par l’entrepreneur britannique, fondateur du groupe Virgin, Sir Richard Branson. Virgin Galactic planifie d'envoyer des passagers dans l'espace à une altitude dépassant 80 km, pour un prix compris entre 200 000 et 250 000 dollars. Le vol comprend plusieurs phases, culminant par quelques minutes dans l'espace avant de redescendre sur Terre. L'objectif annoncé est celui de lancer l'industrie du tourisme spatial. Elle prévoit de lancer à terme 400 vols par an depuis sa base aérospatiale le Spaceport America, située au Nouveau-Mexique. Dans l'histoire de la conquête spatiale, au 4 mars 2010, seulement 514 astronautes différents ont décollé de la Terre.
Jour 3 (Samedi 3 Juin) :
Jour de retour pour tous les équipages venus à Lanvéoc ! Après les premières brumes matinales, le ciel se lève vers 10h45 et laisse place à un beau ciel bleu (mais pas CAVOK). Le vent de nord-est est une fois de plus de la partie, comme tous les jours. Il reste cependant dans l'axe de la piste 05 en service. 
Depuis l'Aubette, nous passons deux points de contrôles successifs à bord de notre navette militaire qui nous amène aux pieds de la tour de contrôle pour cette fin de matinée. Nos plans de vol VFR (obligatoires) ont été déposés pour une mise en marche du moteur prévue à 13h00. Nous avons donc tout le temps de repousser nos avions vers le tarmac, puis de les préparer pour le départ (pare-soleil, bagages, visite pré-vol). Certains en profitent également pour avitailler leur avion grâce à un essencier militaire qui a été prévu par l'AFH (prix de l'essence imbattable !). À la différence du vol aller, j’ai cette fois-ci un passager qui sera avec moi pour ce vol. A ma radio VHF portative, je contacte la Tour qui nous demande d'attendre 13h00 et l’atterrissage de plusieurs CAP10 de l’escadrille 50S de retour d'un vol d'entraînement. 
Après nous être salué une dernière fois tous les équipages, nous mettons le moteur en marche aux ordres de la tour à qui nous demandons d'activer notre plan de vol VFR.  Après les essais moteur, nous recevons l'autorisation de nous aligner et de décoller sur la piste 05 en service. Nous jetons un dernier regard vers la base aéronavale et profitons de ce dernier moment ! Puis nous mettons les gaz et décollons vers 13h15. 🫶 Nous montons à 1300 pieds QNH en direction du point de report situé à la sortie Nord-est de la zone P112 (Echo Papa). Nous survolons le village de Landévennec, puis le pont de Térénez. Ca y est, nous sommes sortis de la P112 ! Retour au monde civil avec la SIV IROISE avant de prendre un cap vers l’Est en direction du terrain de Guiscriff Scaer (LFES). Nous nous y posons vers 14h pour effectuer l’avitaillement de F-HBBR. Nous saluons à nouveau Laëtitia, la charmante gestionnaire de la plateforme, avec qui nous échangeons nos impressions des deux jours passés. Nous redécollons rapidement pour un vol de 2h15 (vent de face) et montons aux niveaux de vol FL055 puis FL065. Patrick, pilote instructeur sur hydravion, me donne quelques trucs utiles concernant la programmation des deux GPS à bord pour fonctionner de concert en mode NAV sous pilote automatique. Après un vol sans histoire, nous atterrissons à Toussus sous un grand soleil vers 16h30. Nous l’avons fait ! 👍 
 La journée n’est pas finie. Je dois ensuite emmener en voiture Patrick à Étampes : arrivés sur place, nous sommes alors attirés par un hydravion à coque qui roule sur le tarmac. Comme un clin d’œil à ce voyage ! 😍 Nous allons voir son heureux propriétaire, Patrick : il nous explique qu’il a mis 10 ans pour le concevoir et le construire lui-même. Equipé d’un moteur Lycoming O-360 de 200 cv, il propose 4 vraies places. Il nous précise qu'il vient de temps en temps faire des Splash du côté du Lac d'Orient, près de Troyes. Nous admirons cet hydravion qui est un prototype unique et qui est dans un état impeccable.
Hydravion amphibie "Sybille", un modèle unique qui est basé à Etampes (LFOX)
En résumé, ce voyage à la BAN de Lanvéoc restera gravé dans nos mémoires ! Comme il y a très peu de chance pour nous de pouvoir revenir un jour sur cette base, nous avons apprécié à sa juste valeur le privilège unique dont nous avons bénéficié pendant ces trois jours. Je tiens à remercier l’Association Française d’Hydraviation  pour son excellente organisation et pour cette belle expérience humaine, et plus particulièrement : Yves « Bill » Kerhervé, Jean-François Monier, Derry Grégoire, Freddy Buffet, Patrick Sicard ... et tous les autres. Merci à la Marine Nationale et aux autorités militaires compétentes de nous avoir permis de découvrir un nouveau monde en vivant cette expérience de vol unique.